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LA PLANÈTE MARS.
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16 novembre, 7h 30m (fig. 87, D). On voit toujours très bien la grande mer bleue. La tache polaire inférieure ou boréale est double.

18 et 26 décembre. La continuation des observations prouve que les neiges polaires supérieures ou australes ont considérablement diminué et sont réduites à un tout petit cercle blanc.

Ces observations du P. Secchi sont aussi curieuses qu’importantes. Elles nous confirment dans toutes nos déductions précédentes sur les continents, les mers et les influences atmosphériques de Mars, ainsi que sur les variations certaines qui arrivent à la surface de cette planète dans la forme et l’étendue des mers.

Nous pouvons pénétrer maintenant, plus complètement que nous ne l’avons fait jusqu’ici, dans la détermination de la géographie martienne. Afin de nous y mieux reconnaître, il est indispensable de remonter ici jusqu’à la carte générale de la planète, publiée à la p. 69 de cet ouvrage, et de comparer à cette carte tous les dessins du laborieux astronome romain.

Considérons donc l’ensemble des dessins du P. Secchi et comparons-les à la carte ci-dessus.

Dans ceux de 1858, d’abord, nous reconnaissons avec certitude notre célèbre mer du Sablier sur cinq dessins, ceux des 10, 11, 13, 14 et 15 juin (voy. p. 139 et 140). On la devine sur le suivant.

Cette mer a été, comme nous venons de le voir, qualifiée de « Scorpion » par les astronomes romains, et, en effet, la ressemblance ne manque pas de pittoresque. La queue du Scorpion s’appelle sur notre carte passe de Nasmyth et se termine en une petite mer appelée mer Lassell ; la tentacule de droite, au-dessus du corps, est l’océan Dawes qui se prolonge vers le pôle par la mer Lambert, et la première branche à droite est le détroit Herschel II ; la grande tentacule de gauche est la mer Flammarion qui se prolonge par la mer Hooke ; la petite tentacule au-dessous est probablement la mer Main, exagérée. Cette région est très variable sur tous les dessins. Au bas de la figure on remarque, sur les cinq dessins, une zone blanche, qui est la terre de Laplace, puis une zone grise, qui est la mer Delambre, enfin encore une zone claire, suivie d’une zone foncée entourant le pôle inférieur.

Nous retrouvons cette même mer du Sablier dans les dessins des 21 et 26 septembre 1862 (p. 146). Le P. Secchi donne trois noms à cette mer : Scorpion, Atlantique et mer de Cook.

Dans les dessins des 3, 4, 5 et 7 juin 1858, nous avons sous les yeux un autre côté de la planète, Cette mer étroite et allongée (voy. p. 138) est le second aspect caractéristique de Mars dans ces observations. Les astronomes romains appellent cette mer allongée l’isthme, et aussi le canal de Franklin.