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LE P. A. SECCHI.

couvrant les régions polaires. Et, en fait, c’est ce qui doit arriver, puisque le pôle visible dans l’opposition de 1862 est précisément le pôle tourné vers le Soleil, qui passait alors par son été, et qui n’est éloigné que de 15° du périhélie : il se trouve donc à l’époque de sa plus haute température, c’est-à-dire à celle qui correspond au milieu de notre mois de juillet. Remarquons en même temps la forte inclinaison de l’axe de Mars sur son orbite qui donne à la planète des saisons très notables.

» Ces aspects prouvent également qu’il existe sur Mars de l’eau liquide et des mers, conséquence naturelle de la fusion des neiges. Cette conclusion est confirmée par le fait que les marques bleues que l’on découvre dans les régions équatoriales de la planète n’ont pas sensiblement changé de formes, tandis que les champs blancs voisins des pôles sont contigus à des champs rougeâtres, qui ne peuvent être que des continents. Ainsi, l’existence des mers et des continents, de même que les alternatives des saisons et des variations de l’atmosphère, sont aujourd’hui entièrement démontrées.

» Il résulte de ces observations de 1862, que les traits caractéristiques de la planète dessinés par Beer et Mädler ont été retrouvés d’une manière non équivoque. Ainsi, la tache qu’ils ont notée par les lettres efh correspond à celle que nous appelons mer de Cook ; celle qu’ils ont marquée np est pour nous celle de Marco Polo ; leur tache a doit être le canal de Franklin. Nous n’avons donné aucun nom aux régions rougeâtres et nous nous sommes borné à indiquer par quelques dénominations les taches foncées les plus sûres et les plus constantes.

» Nous avons rapporté de ces recherches la conviction qu’en outre des taches permanentes, il y en a là de variables qui mériteraient d’être étudiées plus à fond et avec persévérance. L’existence de l’atmosphère est rendue indubitable par l’absorption de la lumière vers les bords du disque et indépendamment des observations spectrométriques. »

EXTRAIT DES OBSERVATIONS.

21 septembre 1862, à 20h 50m de temps sidéral, Mars nous présente sa calotte polaire supérieure, très réduite et tout entière tournée vers nous. Sa direction est vers 145° du centre. On voit clairement la tache bleue qui offre la forme d’un Y et rappelle l’aspect d’un scorpion ; mais sa partie étroite est cachée. Par brièveté, nous appellerons ce canal bleu canal de Cook, appliquant à Mars les noms de quelques navigateurs célèbres, et nous donnerons le nom de continent Cabot au continent rougeâtre qui s’étend sur la droite (fig. 86, A).

26 septembre, à 9h 45m de l’après midi. Le canal de Cook se trouve presque exactement au milieu du disque. Mais, tandis que dans les dessins de 1858 sa partie la plus large, que nous appelions le corps du Scorpion, se trouvait fort au-