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LA PLANÈTE MARS.
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Dans cette figure comparative, nous avons placé l’Est et l’Ouest, comme sur la Terre, c’est-à-dire comme ils se trouvent pour les habitants de Mars.

Nous arrivons maintenant aux observations faites par le P. Secchi en 1862 et publiées en 1863.

XLVIII. 1862. — Le P. A. Secchi[1].

Nous allons traduire, en le résumant, le mémoire publié par le savant astronome italien. Ces observations ont été faites à l’observatoire du Collège romain, en continuation de celles de 1858, et avec le même instrument.

L’auteur a voulu profiter de la circonstance du passage de la planète à sa plus grande proximité de la Terre et en même temps à son périhélie, pour continuer ses recherches sur sa constitution physique.

« Mars, écrit-il, est le corps céleste que nous pouvons le mieux étudier après la Lune. Herschel et d’autres astronomes assurent avoir observé sur cette planète non seulement des mers et des continents, mais encore les effets des saisons d’hiver et d’été ; pourtant les discordances qui existent entre les observations modernes et les anciennes laissent un certain doute dans l’esprit. Les instruments modernes devraient permettre de résoudre la question, car ils sont supérieurs même à ceux de William Herschel. Nos dessins de l’année 1858 ne s’accordent pas avec ceux de Mädler, notamment en ce qui concerne la tache blanche polaire, qui, dans les observations de cet astronome, s’est montrée réduite à un petit cercle brillant, tandis que nous l’avons trouvée vaste et compliquée. À la dernière opposition, elle a repris la forme dessinée par Mädler.

» Les différences observées ont deux causes. La première est la perspective sous laquelle Mars s’est présenté en 1858, car alors les deux pôles étaient également visibles, tandis que maintenant le pôle boréal s’est caché et que l’austral est tourné vers nous. Le 26 septembre 1862, à 9h 45m, la planète se présentait à nous, dans une position correspondante à celle que l’on a vue sur la fig. 2 (4 juin), des dessins de 1858, mais obliquement, en raccourci, avec le pôle supérieur incliné vers nous comme dans le troisième dessin de Mädler de 1832.

» La seconde cause de variation est qu’en réalité les taches polaires changent constamment. Les vastes champs blancs se sont évanouis et restreints à la petite calotte polaire de Mädler. Il est clair que ces variations ne peuvent s’expliquer que par une fonte de neiges ou par une disparition de nuages

  1. Osservazioni del pianeta Marte. Memorie dell’Osservatorio del Collegio Romano. Nuova Serie, vol. II. Roma, 1863.