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LA PLANÈTE MARS.
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matériel de la planète, on doit voir à la fois la lumière renvoyée par ce point et celle qui nous est réfléchie dans la même direction par les parties correspondantes et interposées de l’atmosphère planétaire. Cette seconde lumière est évidemment d’autant plus intense que l’atmosphère a plus de profondeur : on conçoit que, près du bord, la lumière atmosphérique, en s’ajoutant par portions égales à la lumière d’une tache et à celle des portions voisines plus éclatantes, les rend à peu près égales, d’après ce principe que deux lumières paraissent avoir le même éclat lorsque leur différence n’est que de 1/60.

Supposons, par exemple, qu’une tache et la portion avoisinante aient entre elles des intensités représentées par 30 et 31 ; supposons qu’on ajoute à chacune des deux parties des lumières représentées par 30, les intensités définitives deviendront 60 et 61. Avant l’addition, la tache était très différente des parties qui l’entourent ; après, la différence est insensible,

Des considérations de ce même genre, combinées avec quelques mesures photométriques des parties obscures et des parties lumineuses faites près du centre et à différentes distances du bord, conduiront à des conséquences qui semblent devoir nous rester à jamais cachées sur les propriétés optiques de l’atmosphère de Mars.

Nous n’ajouterons qu’une réflexion aux considérations d’Arago, c’est que les bords du disque de Mars étant réellement plus blancs que la région intérieure et les taches étant effacées sous cette clarté, nous devons en conclure que l’atmosphère de Mars est assez profonde, absorbe et réfléchit une partie notable de la lumière solaire qui lui arrive. Toutefois, elle est incontestablement plus transparente que celle de la Terre, et, de plus, moins souvent chargée de nuages.

Arago a mesuré l’intensité de la lumière réfléchie par les caps polaires et l’a trouvée double de celle que renvoient les bords du disque.

XLV. 1858. — Le P. A. Secchi[1].

La planète devant arriver dans le cours de l’année 1860 en l’une de ses positions les plus favorables, le savant Directeur de l’observatoire du Collège romain voulut se préparer dès l’opposition précédente de 1858 à toutes les observations qu’il serait intéressant de faire, tant pour l’étude de la constitution physique de Mars que pour la détermination de la parallaxe solaire. Il prit pour collaborateur dans cette étude son collègue le P. Cappelletti, et les deux astronomes réussirent à faire un grand nombre de dessins excellents.

L’instrument employé a été l’excellent équatorial de l’observatoire, de

  1. Osservazioni di Marte, fatte durante l’opposizione del 1858. Memorie dell’Osservatorio del Collegio romano, Roma, 1859.