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LA PLANÈTE MARS.
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MM. Mädler et Beer ont suivi, jusque dans les dernières conséquences susceptibles d’être vérifiées par nos instruments, l’explication qu’on a donnée des taches polaires brillantes de Mars en les assimilant à de la neige.

Sur les 668 jours 2/3 dont se compose une année solaire de Mars, ces astronomes trouvent que les saisons estivales de l’hémisphère boréal de la planète renferment en nombres ronds 372 jours et que les saisons hivernales contiennent 296 jours (voyez p. 115).

Ces mêmes résultats s’appliquent aux saisons de l’hémisphère sud, en remplaçant seulement le mot estivales par le mot hivernales et réciproquement.

Cette inégale durée entre les saisons froides et les saisons chaudes n’empêche pas les deux hémisphères de pouvoir jouir de la même température moyenne.

Quant aux extrêmes de ces températures, ils peuvent être très dissemblables si l’on compare un hémisphère à l’hémisphère opposé.

Ainsi, au solstice d’été de l’hémisphère sud de Mars, cette planète est actuellement à sa moindre distance au Soleil et par conséquent reçoit alors de cet astre le maximum de chaleur qu’il puisse jamais lui communiquer. Cette chaleur sera à son minimum au solstice d’hiver.

Il résulte de là que si la matière qui produit la tache blanche du pôle austral de Mars jouit des propriétés analogues à celles de nos neiges, cette tache doit varier considérablement plus que la tache blanche du pôle boréal.

Nous parlerons plus loin du théorème en vertu duquel la quantité totale de la chaleur solaire reçue de l’équinoxe de printemps à l’équinoxe d’automne est identiquement la même que celle qui est reçue de l’équinoxe d’automne à l’équinoxe de printemps, la durée de l’exposition au Soleil compensant exactement la différence des distances. Mais si la quantité totale de chaleur reçue est la même, il n’en est pas moins vrai que l’hémisphère qui est exposé au Soleil au solstice périhélique reçoit à ce moment-là plus de chaleur que l’autre n’en reçoit au solstice aphélique, et que, par conséquent, son été est plus chaud. La neige polaire doit donc y être plus réduite.

On pourrait imaginer une orbite assez allongée et une inclinaison de l’axe telle que la neige ne fondrait jamais aux environs d’un pôle qui aurait son hiver au périhélie et son été à l’aphélie.

À propos de la coloration de la planète et de l’atmosphère, Arago s’exprime comme il suit :

Quelques astronomes, physiciens et géologues ont parlé à cette occasion de terrains ocreux, de grès rouges, sur lesquels la lumière solaire serait réfléchie. Lambert, pour expliquer le même phénomène, supposait que dans cette planète tous les produits de la végétation sont rouges ; d’autres, se rappelant qu’au soleil levant ou au soleil couchant les objets terrestres sont quelquefois rougeâtres,