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LA PLANÈTE MARS.
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XXXIX. 1839. — Napoléon III.

Nous avons découvert cette observation dans un ouvrage où nous ne l’aurions certainement pas cherchée[1], et nous la signalons plutôt pour sa curiosité que pour son importance.

Au mois de juin 1839, le prince Louis-Napoléon et M. d’Abbadie, aujourd’hui membre de l’Institut et du Bureau des Longitudes, qui l’accompagnait, étant en visite à l’observatoire de sir James South, à Londres, observèrent Mars et remarquèrent surtout la calotte polaire supérieure, alors très accentuée. M. d’Abbadie en fit un petit croquis qu’il serait superflu de reproduire, et Louis-Napoléon Bonaparte en écrivit une courte description qu’il signa Napoléon III (en 1839). La planète offrait une phase marquée. La tache polaire était si brillante qu’elle allongeait le disque de Mars en forme de pointe et lui donnait l’aspect d’une poire.

C’était sans doute une semaine ou deux après le dernier dessin qui précède.

XL. 1843 à 1873. — Julius Schmidt.

Le savant Directeur de l’observatoire d’Athènes a fourni une des collections les plus nombreuses d’observations de Mars, faites en 1843, 1845, 1846, 1847, 1854, 1856, 1860, 1862, 1864, 1866, 1867, 1869, 1871 et 1873. Mais cette belle série n’a pas été publiée, et nous ne la connaissons que par les relations qu’en a données M. Terby. Les dessins de Schmidt s’élèvent à 107. Les observations ont été faites successivement à Hambourg, en 1843, avec un grossissement de 90 fois ; à Bilk, près Dusseldorf, en 1845 ; à Bonn, en 1846 et en 1847, avec un réfracteur de 5 pieds et un héliomètre ; à Olmütz en 1854 et en 1856, avec un réfracteur de 5 pieds, et enfin à Athènes, de 1860 à 1873, avec le réfracteur de 6 pieds et un grossissement de 550 fois. On y reconnaît avec une grande évidence, dans la plupart des cas, les principales configurations géographiques de la planète.

Les quatre dessins ci-dessous, reproduits d’après M. Terby, donnent une idée des observations de Julius Schmidt. En voici les dates ; nous les publions dès ici quoiqu’ils anticipent un peu sur notre ordre chronologique.

Fig. A.  26 septembre 1862, à 8h 36m (heure d’Athènes).
Fig. B. 1er octobre 1862, à 7h 28m. id.
Fig. C. 16 mai 1873, à 8h 15m. id.
Fig. D. 23 mai 1873, à 7h 41m. id.

La fig. A permet de reconnaître la mer du Sablier. Au-dessus, comme une île très vaste, la terre de Lockyer, et, plus haut, la tache polaire australe, bien détachée

  1. Révolutions de la Mer, par Adhémar. 2e édition, p. 242. Paris, 1860.