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LA PLANÈTE MARS.
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l’aspect n’est plus le même que celui de la carte de Beer et Mädler : le ruban ne se détache plus sur un fond clair et est moins étroit ; il s’opère incontestablement là des variations d’aspects, peut-être périodiques.

Ce détroit d’Herschel II a paru stable aux auteurs, comme ayant été observé aussi par Kunowsky en 1821 (voy. fig. 65). Ainsi l’arc serpentant ac et la tache a leur paraissent appartenir sûrement à la surface de la planète. La longue et large tache pm de leur carte est également considérée comme fixe (c’est la mer Maraldi). Du reste, malgré les incertitudes et la confusion de certaines images, ils écrivent en 1832 qu’aucune des taches bien visibles en 1830 n’a changé de position. En 1837, ils reconnaissent de nouveau avec certitude la mer Maraldi. Toutefois il n’y a pas moyen de se soustraire à l’impression de variations considérables, dans la teinte comme dans la forme et l’étendue de ces taches sombres. Les auteurs seraient disposés à attribuer ces variations, du moins dans les latitudes élevées, aux effets de la fonte des neiges, le sol devenant marécageux et sombre aux endroits où les neiges sont fondues.

L’atmosphère martienne doit également jouer un grand rôle dans ces variations d’aspects. Il semble bien que nous devions admettre sur Mars deux espèces de taches sombres, les unes dues à des mers, les autres à des brumes ou brouillards. Peut-être même arriverons-nous à la déduction que l’eau n’est pas dans le même état qu’ici, n’y forme pas, à proprement parler, des mers liquides, mais plutôt des nappes de brouillards très denses, visqueux, voisins de l’état liquide sans l’être tout à fait. Ces nappes aqueuses varieraient d’étendue et d’intensité suivant les conditions atmosphériques et suivant les saisons.

On le voit, la connaissance de la planète avance graduellement, d’année en année, avec le progrès des observations. Nous pouvons affirmer dès maintenant ce qui n’était que probable précédemment : Stabilité, mais variations. L’étude géographique de la planète Mars devient une étude de précision ; Mars est un globe géographique comme la Terre, non pas nuageux comme Jupiter et Saturne ; il a sûrement des continents et des mers ; mais ces mers ne ressemblent pas aux nôtres : elles subissent des variations énigmatiques qui feront l’objet des études futures de la Science.


XXXV. 1830. — Sir John Herschel.

Après avoir donné sur Mercure et Vénus l’opinion suivante (Outlines of Astronomy) : « La conséquence la plus naturelle à tirer de l’extrême ténuité des taches, qui ne sont même que passagères, c’est que nous ne voyons pas, comme dans la Lune, la surface réelle de ces planètes, mais seulement leurs