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BEER ET MÄDLER.

D’après cela, le minimum pour les deux taches tombe environ 1/18 d’année après le solstice d’été, ce qui correspond au 12 juillet (et 12 janvier) de notre Terre. Mais, tandis que la tache du pôle austral a diminué jusqu’à 6° de diamètre, celle du pôle boréal avait encore à son minimum 12° à 14° de diamètre, c’est-à-dire une surface environ cinq fois plus considérable que la première.

Réciproquement, la tache du pôle austral, en 1837, pendant son hiver (les jours d’observation correspondent, pour la saison, aux 4 et 10 décembre), a pris une telle extension sur la planète, qu’on put encore la distinguer, lors même que le pôle était déjà à 18° au delà du bord extrême, ce qui conduit à environ 55° de latitude et ainsi à un diamètre de la tache de 70°.

Nous n’avons jamais aperçu un cas semblable au bord boréal, pendant que le bord austral avait son été. Les variations de la tache du pôle austral sont, d’après cela, vers ses deux limites, considérablement plus grandes que celles de la tache du pôle boréal.

Par suite de la position de l’axe de Mars, le pôle austral est le plus exposé au Soleil, lorsque la quantité de la lumière (et de la chaleur) qu’il en reçoit, peut être exprimée par 0,52 de la lumière que reçoit la Terre, et le pôle boréal, lorsque cette quantité est de 0,37. Mais cette différence est, en ce qui concerne l’année dans son ensemble, complètement détruite par le rapport contraire qui a lieu en hiver ; et même pour les différentes saisons, on trouve une compensation partielle, en ce que la longueur du semestre d’été, dans l’hémisphère boréal, est à celle de l’hémisphère austral dans le rapport de 19 à 15 ; cependant, dans les points culminants de chaleur et de froid, il reste évidemment une différence très considérable. D’après cela, le pôle austral a des étés plus chauds et des hivers plus froids que le pôle boréal, et cette différence est beaucoup plus considérable que celle qui se présente sur notre Terre : chez nous elle est très peu sensible, mais l’excentricité de Mars est cinq fois plus grande que celle de la Terre.

Les différences que nous avons remarquées s’accordent ainsi parfaitement avec l’idée que ces taches blanches représentent un précipité analogue à notre neige ; et il est en effet presque impossible de rejeter une explication qui se confirme d’une manière aussi surprenante. Notre Terre, vue de la distance d’une planète, doit présenter des phénomènes tout à fait semblables ; seulement, chez nous, le rapport réciproque de l’hémisphère boréal et de l’hémisphère austral est moins inégal.

Les autres taches de la planète paraissent pour l’essentiel appartenir à la surface. Vu la position et l’éloignement de Mars, nous n’aurions pu, en aucune circonstance imaginable, distinguer des ombres produites par des montagnes, quelque gigantesque que fût leur élévation (la forme sphérique toujours bien prononcée du disque leur prescrit du moins un maximum) ; ces ombres sont donc des différences dans la réflexion de la lumière, qui peuvent très bien provenir des mêmes causes que celles qui ont lieu sur notre Terre. C’est dans l’opposition de 1330 que s’est montrée la plus grande précision relative à la délimitation dans les taches de l’hémisphère austral, qui étaient situées entre l’équateur et 45° de