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LA PLANÈTE MARS.

a surpassé de plusieurs fois celle des mois de septembre et d’octobre 1830.

La tache du pôle boréal, dans la première observation du 12 janvier, fut si bien limitée qu’on put apprécier son étendue avec assez de certitude ; elle comprenait, le long du bord de Mars, 0,27 du diamètre de la planète, et sa largeur fut de 0,13. La première donnée nous fait conclure à un demi-diamètre de 15°,7 du globe de Mars ou à une latitude nord de son bord de 74°,3 ; la seconde, en admettant les éléments de rotation donnés par Herschel et en admettant que le pôle a occupé le centre de la tache circulaire, nous conduit à une latitude nord de 78°,7, car le pôle boréal s’était avancé de 18° 13′ en dedans. La première de ces données a au moins le double du poids de l’autre. En tout cas, on voit évidemment par là que la tache du pôle boréal, dans l’opposition de 1837, fut considérablement plus grande que la tache du pôle austral en 1830, et beaucoup plus petite que la tache du pôle austral en 1837. Dans les observations suivantes, son étendue ne parut cependant pas se disposer à diminuer ; ce qu’on remarqua avec plus de certitude, c’est que la netteté de sa délimitation devint plus faible après l’opposition.

Nous avions le projet de mesurer, avec le micromètre, l’angle de position de la tache blanche, pour obtenir les données nécessaires à un examen direct de la position de l’axe de Mars. Le temps défavorable a, en grande partie, stérilisé notre intention. Le peu de mesures qui aient réussi nous apprennent seulement que l’excentricité de la tache polaire est, dans tous les cas, très faible. Cette distance au pôle a été estimée à 4° en 1837 pour la tache boréale, et à 8° pour l’australe, mais d’une manière très incertaine.

Nous ne pouvons pas cependant passer sous silence la circonstance que, dans le peu d’observations où nous avons distingué une trace de la tache du pôle austral, cette tache ne s’est pas montrée directement opposée à celle du pôle boréal : le 7 février, à 16h 14m, elle s’écartait d’environ 12° du point opposé à cette tache boréale, et à 18h 16m seulement de 8° à l’Est ; le 7 mars, à 10h 34m, elle s’en écartait d’environ 5° à l’Est ; enfin, le 18 mars, à 7h 56m, de 3° à 5° à l’Ouest.

De toutes les taches de l’hémisphère austral observées avec quelque précision en 1830, une seule, marquée pm, put être reconnue avec certitude. Nous la vîmes d’abord le 7 février, à 16h 4m (fig. 6), avec précision ; ensuite le 28 février, à 6h49 m (fig. 7), et dans trois observations pendant la nuit du 7 mars (fig. 14, 15, 16) ; enfin, un peu moins déterminée le 10 mars, de 7h 7m à 9h 22m et le 11 mars, à 8h 22m (fig. 11). La latitude aréographique de l’extrémité occidentale p fut déterminée, d’après onze observations, à +43° 29′ ; en 1830, nous l’avions trouvée entre 39° et 42° par trois observations, et ce fait, aussi bien que l’accord de la figure, parle en faveur de l’identité des deux taches. Un essai de réunir la longitude observée cette fois-ci avec celle de 1830 donna 24h 37m 29s,0 ; ce résultat, quoique suffisant pour en confirmer l’identité aussi sous ce rapport, n’est pas propre à corriger la rotation calculée précédemment, à cause de la position fortement excentrique de la tache. Cependant on peut être assuré qu’il ne s’est pas glissé d’erreur dans le nombre des rotations entières.

Une seconde tache, marquée efh sur notre carte, a été reconnue le 12 janvier