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LA PLANÈTE MARS.

En outre, les distances des oppositions varient, la planète n’arrive que très rarement aussi près de la Terre qu’en 1830, et à des distances plus considérables il est nécessaire d’avoir des grossissements plus forts et une puissance optique plus grande que la plupart des observateurs précédents n’en avaient à leur portée.

La tache blanche du pôle austral s’était montrée distinctement dans chaque observation, même lors des circonstances atmosphériques les moins favorables, mais sa grandeur a été très variable. Déjà le 31 août, lors d’une observation tout à fait superficielle, elle avait été appréciée de 1/8 à 1/10 du diamètre de Mars. Le 10 septembre, l’appréciation (faite dans la direction de l’Est à l’Ouest) donna pour résultat 1/10, le 15 septembre 1/16, le 2 octobre 1/18, le 5 octobre 1/20 et le 20 octobre 1/15. Admettons pour le 31 août la valeur 1/9, on aura pour les jours indiqués, qui correspondent pour la saison aux mois de juin et de juillet de notre hémisphère boréal, les limites suivantes de la tache blanche, supposé que le pôle soit à son centre :

31 août 83° 37′ de latitude ; répondant au 16 juin de la Terre.
10 septembre  84° 15′ de latitude ;» répondant au» 23 juillet» de la Terre»
15 septembre» 86° 25′ de latitude ;» répondant au» 26 juillet» de la Terre»
2 octobre 86° 50′ de latitude ;» répondant au» 07 juillet de la Terre»
5 octobre» 87° 07′ de latitude ;» répondant au» 09 juillet» de la Terre»
20 octobre» 85° 59′ de latitude ;» répondant au» 19 juillet» de la Terre»

C’est-à-dire que les limites se rétrécirent toujours jusqu’à une saison de Mars qui répond au milieu de notre mois de juillet, et de ce point-là elles commencèrent de nouveau à s’élargir successivement ; fait qui vient fortement à l’appui de l’hypothèse que le pôle de Mars est réellement couvert de neige. En outre, presque tous les observateurs donnent la grandeur de cette tache comme variable, et, lorsqu’elle est plus éloignée du maximum de chaleur, elle est considérablement plus grande qu’on ne l’a vue en 1830.

L’hémisphère boréal de la planète, autant qu’il fut visible cette année-là, ne présenta en revanche aucune trace de tache blanche, quoiqu’il se trouvât au milieu de son hiver. La forte inclinaison de l’axe de Mars explique ce fait et en reçoit en même temps une confirmation indirecte.

Les observateurs donnent ici un tableau de leurs dessins et des longitudes aréographiques des taches.

L’opposition de 1832 se présenta dans des circonstances atmosphériques constamment si défavorables et l’éloignement beaucoup plus grand de la planète eut une influence si fâcheuse qu’on ne put obtenir que des observations peu nombreuses et très imparfaites. De seize essais de dessiner les détails du disque, quatre seulement méritent d’être comparés à ceux de 1830. (on les trouvera au bas de la fig. 67). La tache a, si remarquée et si caractéristique deux ans auparavant, n’a pu être reconnue qu’une seule fois et encore à un assez grand éloignement du centre (16 décembre).