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LA PLANÈTE MARS.
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plus minutieux et des plus patients. On peut souvent dire que tant vaut l’homme, tant vaut l’instrument.

XXXIV. 1830-1841. — Beer et Mädler[1].

La planète passait en 1830 à l’une de ses moindres distances de la Terre. L’opposition de cette année-là était une opposition périhélique, comme nous l’avons vu au chapitre préliminaire. C’est la raison principale qui engagea les observateurs à entreprendre les études que nous allons examiner. Voici un exposé succinct de leur grand travail :

Notre but principal, écrivent les auteurs, a été de déterminer exactement la période de rotation sur laquelle on a des opinions sensiblement diverses. Herschel père avait déduit de ses observations de 1778 et 1780 une période de 24h 39m 21s, Huth à Mannheim (voy. plus haut, p. 89), en avait trouvé une de 24h 43m, et les observations de Kunowsky dans l’hiver de 1821 à 1822, qui manquent cependant d’une détermination exacte du temps, donnent 24h 36m 40s. Dans les observations d’Herschel, le nombre des rotations entières était douteux et, en outre, il n’avait pas eu égard à l’aberration et à la phase ; les deux autres données ne sont que le résultat d’une seule opposition. Il importait avant tout de déduire d’une opposition la période avec un degré d’exactitude qui permît de déterminer avec assez de certitude le nombre des rotations entières qui devaient avoir lieu jusqu’à l’opposition suivante. L’erreur moyenne du premier résultat ne devait donc pas dépasser 30 à 40 secondes, et on ne pouvait espérer d’atteindre ce but que lors d’un rapprochement de la Terre aussi grand qu’il a eu lieu cette fois.

Puis, en même temps, des observations prolongées devaient démontrer si les taches que présente la surface de Mars sont variables ou non dans leur forme, leur grandeur et leur couleur, si elles ont un mouvement propre et si l’on doit les regarder comme des condensations ou des obscurcissements semblables à nos nuages ou comme des parties fixes appartenant à la surface. Des observateurs précédents avaient déjà laissé là-dessus des données importantes. Déjà Maraldi, à Paris, avait en 1716 distingué la tache blanche au bord boréal de Mars, et presque tous les observateurs subséquents en font mention. Cette tache s’était aussi montrée au bord austral de la planète, et même quelquefois les deux taches avaient été visibles en même temps. Même avant Herschel, on avait déjà conçu l’idée qu’il y avait là des neiges comme aux pôles de la Terre. Quelques-uns avaient cru remarquer que ces taches formaient comme de petites élévations qui ressortaient en dehors du bord moyen de la planète, ce que d’autres attribuèrent avec beaucoup de vraisemblance à l’éclat considérable de ces taches. La plupart

  1. Fragments sur les corps célestes du système solaire (Paris, 1840). Beitrage, etc. (Weimar, 1841) et Astronomische Nachrichten, 1831 à 1842.