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CONCLUSIONS DE LA PREMIÈRE PÉRIODE.
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faut pas prendre les dessins à la lettre. Cependant les variétés observées sont si grandes que nous sommes conduits à considérer ces taches comme certainement variables. Nous venons de voir passer sous nos yeux 191 vues de la planète Mars, dessinées par les observateurs les plus différents : ces vues doivent constituer la première base de notre connaissance du monde de Mars.

9o Il y a également sur Mars des taches blanches, marquant ses pôles. Ces taches varient avec les saisons, augmentent en hiver, diminuent en été. Elles subissent les influences du Soleil comme nos glaces polaires. Nous pouvons les considérer comme des glaces ou des neiges.

10o Ces neiges polaires ne sont pas situées juste aux extrémités d’un même diamètre, et ne marquent pas absolument les pôles géographiques. Ces pôles en sont généralement couverts. Mais, à l’époque du minimum, elles se réduisent à un point blanc sensiblement circulaire qui est éloigné à une certaine distance du pôle. Herschel a trouvé, en 1781, 13° à 14° de distance pour le centre de la tache polaire boréale, alors très petite après son été (alors la glace australe était très étendue et son centre était voisin du pôle) et, en 1783, 8° 8′ pour la distance de la tache polaire australe, alors aussi très petite après son été[1]. Un degré du méridien de Mars équivaut à 60 kilomètres. On sait que sur la Terre aussi le pôle du froid ne coïncide pas avec le pôle géographique.

11o L’inclinaison de l’axe de Mars ne diffère pas beaucoup de celle de l’axe de la Terre, de sorte que les saisons y sont analogues, quoique près de deux fois plus longues.

12o Il y a sur cette planète un second ordre de saisons, causé par la grande excentricité de l’orbite, Mars étant beaucoup plus près du Soleil au périhélie qu’à l’aphélie, dans la proportion de 1,3826 à 1,6658 ou de 10 à 12.

  1. Voici toutes les observations de William Herschel sur ce point important :

    En 1781, la neige polaire boréale tournait très loin du pôle et était à la latitude de 76o ou 77° (Phil. Trans., 1784, p. 245). En 1783, la latitude de la tache polaire australe était 81° 52′ (Phil. Trans., p. 251). Cette tache était alors (octobre) très petite et bien ronde. — En 1781, le centre de la tache polaire australe n’était pas très éloigné du pôle « not many degrees » et cette tache s’étendait jusqu’au 70e ou au 65e degré (Phil. Trans., p. 246) étant extrêmement étendue après douze mois d’hiver (p. 260). En 1783, on ne voyait pas la tache polaire boréale à cause de l’inclinaison de la planète.

    1781 : Tache polaire australe très large (après son hiver)
      Tache» polaire» boréale très petite (après son été).
    1783 : Tache polaire australe très petite (après son été).
      Tache» polaire» boréale invisible à cause de l’inclinaison
    Distances au pôle :
    Tache australe : 1781, voisine du pôle.
    Tache» australe : » 1783, à 8° 8′.
    Tache australeboréale : 1781, à 13° ou 14°
    Tache» boréale : » 1783, invisible.