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ANCIENNES OBSERVATIONS.
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beaucoup sur cette planète, mais qui n’a pas encore inauguré la géographie de ce monde voisin.

Par ce qui précède, nous savons que cette planète a des années, des saisons, des jours et des nuits, comme le monde que nous habitons, que des précipités météoriques analogues à nos neiges se montrent chaque hiver à ses pôles ; que le centre de ces glaces ne coïncide pas avec le pôle géographique, mais en est assez éloigné ; qu’une atmosphère dans laquelle se forment des nuages et des neiges environne ce globe ; que les glaces polaires y fondent plus complètement qu’ici, soit que cette fusion y soit rendue plus facile par la constitution même de ces neiges, ou par la nature de l’atmosphère, ou bien peut-être même que la température de l’été y soit plus élevée que sur notre planète. Nous savons de plus qu’il y a sur ce globe des taches sombres ; plusieurs de ces taches sont fixes et permanentes et doivent représenter des mers ; elles semblent toutefois soumises à des variations d’étendue visibles d’ici. Et en cela l’aspect de Mars diffère essentiellement de celui de la Terre.

Mais la diversité des dessins est telle, que nous devons attribuer la plus grande cause de cette diversité à la difficulté des observations précises sur un disque si petit, au manque de netteté des configurations, en un mot à des incertitudes d’observations. Néanmoins, un certain nombre des taches observées par Huygens, Cassini, Hooke, Maraldi, Herschel, Schrœter, etc., ont donné des résultats précis pour le mouvement de rotation et pour la position de l’axe : ces dessins avaient donc un fond de réel[1]. On ne peut pas admettre que le sol de la planète subisse de pareilles perturbations, parce que, s’il en était ainsi, il n’y aurait rien de stable à sa surface, tandis que les observations elles-mêmes nous prouvent que l’esquisse générale est stable. Quelques-unes des taches sombres de Mars doivent donc être de nature atmosphérique.

Nous allons maintenant entrer dans une période de découvertes nouvelles.


  1. Plusieurs ont été identifiés plus haut. Pour compléter les documents relatifs à cette première période, nous ajouterons ici, d’après M. Van de Sande Bakhuyzen, les longitudes du centre des meilleurs croquis d’Herschel, reproduits p. 51 et 57.
    1777, fig. 14 : 037°  1779, fig. 20 : 310°  1781, fig. 08 : 317°  1784, fig. 18 : 237°
    1777,» fig.» 15 : 066 1779,» fig.» 21 : 282 1781,» fig.» 11 : 319 1784,» fig.» 19 : 167
    1777,» fig.» 16 : 074 1779,» fig.» 22 : 303 1784, fig.» 14 : 001 1784,» fig.» 20 : 211
    1777,» fig.» 17 : 324   1784,» fig.» 15 : 021 1784,» fig.» 21 : 118
    1777,» fig.» 18 : 262 1781, fig. 06 : 292 1784,» fig.» 16 : 008 1784,» fig.» 22 : 055
    1777,» fig.» 19 : 247 1781,» fig.» 07 : 300 1784,» fig.» 17 : 308

    Ce que l’on reconnaît de plus sûr, c’est la mer du Sablier, aux fig. 17 de 1777, 20, 21, 22 de 1779, 6, 7, 8, 11 et 17 de 1781. Les détroits Herschel II et Arago sont reconnaissables sur ce dernier croquis.