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LA FIN DU MONDE

entendre. Fort heureusement, la panique de ces jours derniers est partiellement calmée, et l’on espère que la journée du 14 juillet prochain se passera comme les précédentes. Néanmoins, on s’intéresse plus que jamais à tout ce qui touche au grand problème, et nulle parole ne peut être mieux écoutée que celle de l’illustre auteur du classique Traité de géologie.

« Eh bien, messieurs, reprit le Président de la Société géologique de France, voici comment le monde mourra de mort naturelle, si rien ne vient déranger le cours actuel des choses, ce qui est probable, attendu que les accidents sont rares dans l’ordre du cosmos. La nature ne fait pas de sauts brusques ; les géologues ne croient plus aux révolutions subites, aux bouleversements du globe, car ils ont appris que tout marche graduellement par évolution lente. En géologie, les causes actuelles sont permanentes.

« S’il est dramatique de se figurer notre globe emporté dans une catastrophe universelle, il l’est moins, assurément, de voir la seule action des forces actuellement en œuvre menacer également notre planète d’une destruction certaine. Nos continents ne semblent-ils pas d’une stabilité indéfinie ? Comment, à moins d’une initiation particulière, songerait-on à mettre en doute la permanence indéfinie de cette terre, qui a porté tant de générations avant la nôtre, et sur laquelle les monuments de la plus haute antiquité laissent bien voir