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LA SÉANCE DE L’INSTITUT

Grèce, de l’Égypte, qui se trouveraient aux premiers rangs de la bataille céleste, tandis que les citoyens de l’Australie, de la Nouvelle-Calédonie, des îles de l’Océanie et nos antipodes seraient les plus favorisés. Mais il y aurait un tel appel d’air par la fournaise européenne qu’un vent de tempête, plus violent qu’il ne s’en est formé dans les ouragans les plus effroyables qui aient jamais sévi, et plus formidable encore que le courant de 400 kilomètres à l’heure qui règne constamment à l’équateur de Jupiter, se mettrait à souffler des antipodes vers l’Europe et à tout renverser sur son passage. La Terre, en tournant sur elle-même, amènerait successivement dans l’axe du choc les pays situés à l’ouest du méridien frappé le premier. Une heure après l’Autriche et l’Allemagne, ce serait la France ; puis l’Océan Atlantique, puis l’Amérique du Nord, qui n’arriverait dans le même axe, un peu oblique par suite de la marche de la comète vers son périhélie, que cinq ou six heures après la France, c’est-à-dire vers la fin du passage.

Malgré la vitesse inouïe de la comète et de la Terre, la pression cométaire ne serait sans doute pas énorme, étant donnée l’extrême raréfaction de la substance traversée par la Terre ; mais cette substance renfermant surtout du carbone est combustible, et, dans l’exaltation de leurs ardeurs périhéliques, on voit souvent ces astres ajouter une lumière propre à celle qu’ils reçoivent du Soleil : les comètes deviennent incandescentes. Que serait-ce dans le