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LA SÉANCE DE L’INSTITUT

combinés avec le carbone de la comète. L’air s’élèverait à une température de plusieurs centaines de degrés ; les bois, les jardins, les plantes, les forêts, les demeures humaines, les édifices, les villes et les villages, tout serait rapidement consumé ; la mer, les lacs et les fleuves se mettraient à bouillir ; les hommes et les animaux, envahis par cette brûlante haleine de la comète, mourraient asphyxiés avant d’être brûlés, les poumons haletants ne respirant plus que du feu.

« Presque aussitôt tous les cadavres seraient carbonisés, incinérés et, dans l’immense incendie céleste, seul l’ange incombustible de l’Apocalypse pourrait faire entendre, dans le son déchirant de la trompette, l’antique chant mortuaire tombant lentement du ciel comme un glas funèbre :

Dies iræ, dies illa
Solvet sæclum : in favilla !

« Voilà ce qui pourrait arriver si une comète comme celle de 1811 rencontrait la Terre. »

À ces mots, le cardinal-archevêque s’était levé et avait demandé la parole. Le Secrétaire perpétuel s’en était aperçu et, par une courtoisie toute mondaine, l’avait salué en s’inclinant légèrement et semblait attendre la réplique de l’Éminence.

« Je ne veux point, fit-il, interrompre l’honorable orateur. Mais, si la science annonce comme prélude même d’un drame qui pourrait marquer la fin des choses ici-bas l’embrasement des cieux, je ne