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LA FIN DU MONDE

« Quant aux étoiles filantes, si, comme il le semble, il y en a là une véritable nuée, elles ne produiront que l’effet d’un prodigieux feu d’artifice renversé.

« Si donc nous avons à craindre, ce n’est pas, à mes yeux, la pénétration dans notre atmosphère de la masse gazeuse d’oxyde de carbone, quelle qu’elle soit, mais l’élévation considérable de température qui ne peut manquer d’être amenée par la transformation du mouvement en chaleur.

« Dans ce cas, le salut serait peut-être de se réfugier sur l’hémisphère terrestre opposé à celui qui doit recevoir en plein le choc de la comète. L’air est fort mauvais conducteur de la chaleur. »

Le Secrétaire perpétuel de l’Académie se leva à son tour. Digne successeur des Fontenelle et des Arago, à une profonde science acquise il joignait les qualités d’un écrivain élégant et d’un orateur agréable, et s’élevait parfois même à de grandes hauteurs d’éloquence.

« À la savante théorie que vous venez d’entendre, dit-il, je n’ai rien à ajouter, sinon l’application qu’on en pourrait faire à quelque comète déjà connue. On a rappelé, ces jours-ci, l’exemple de la comète de 1811. Eh bien, supposons qu’une comète de mêmes dimensions que celle-là nous arrive précisément de face dans notre cours circu-