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LA FIN DU MONDE

l’état des choses était bien différente de celle de l’astronome, et l’on put s’en apercevoir dès les premières paroles qu’il prononça.

« Messieurs, dit-il, je serai aussi bref que le savant éminent que nous venons d’entendre, quoique j’aie passé de longues veilles à analyser dans leurs plus minutieux détails les propriétés de l’oxyde de carbone. C’est de ce gaz que je vais vous entretenir, puisqu’il est acquis à la science qu’il domine dans la comète et que la rencontre avec la Terre est inévitable.

« Ses propriétés sont désastreuses : pourquoi ne pas l’avouer ? Il suffit d’une quantité infinitésimale mélangée à l’air respirable pour arrêter en trois minutes le fonctionnement normal des poumons et pour suspendre la vie.

« Tout le monde sait que l’oxyde de carbone (en chimie CO) est un gaz permanent, sans odeur, sans couleur et sans saveur, à peu près insoluble dans l’eau. Sa densité comparée à celle de l’air est 0,96. Il brûle à l’air en produisant de l’anhydride carbonique avec une flamme bleue très peu éclairante. C’est comme un feu funèbre.

« L’oxyde de carbone a une tendance perpétuelle à absorber l’oxygène (l’orateur appuya fortement sur ces derniers mots). Dans les hauts fourneaux, par exemple, le charbon se transforme en oxyde de carbone au contact d’une quantité d’air insuffisante, et c’est ensuite cet oxyde qui réduit le fer