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LA FIN DU MONDE

de zéro) ce gaz, invisible dans les conditions terrestres, est à l’état de brouillard et même de poussière solide. La comète en est comme saturée. Ici encore, je ne contredirai en quoi que ce soit les découvertes de la science. »

Cet aveu amena une nouvelle contraction douloureuse
sur la plupart des visages, et l’on entendit çà et là de longs soupirs.

« Mais, messieurs, reprit l’astronome, en attendant que l’un de nos éminents collègues de la section de physiologie ou de l’Académie de médecine veuille bien nous démontrer que la densité de la comète est assez grande pour permettre sa pénétration dans notre atmosphère respirable, je penserai que sa rencontre ne se traduira sans doute que par une jolie pluie d’étoiles filantes, et n’exercera pas une influence fatale sur la vie humaine. Il n’y a pas ici certitude ; toutefois la probabilité est très forte : peut-être pourrait-on parier un million contre un. Tout au plus les poumons faibles en seraient-ils victimes. Ce serait une sorte d’influenza, qui pourrait tripler ou quintupler le chiffre des décès quotidiens. Simple épidémie !