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LA SÉANCE DE L’INSTITUT

« Malheureusement, je dois reconnaître que les calculs astronomiques sont ici comme d’habitude d’une exactitude scrupuleuse. Oui, la comète doit rencontrer la Terre et, avec une vitesse considérable, puisqu’elle doit nous arriver presque de face dans notre translation annuelle autour du Soleil. La vitesse de la Terre est de 29 460 mètres par seconde ; celle de l’astre cométaire est de 41 660 mètres dans la même unité de temps, plus l’accélération due à l’attraction de notre planète. Donc le choc se produirait à la vitesse de 72 000 mètres pendant la première seconde, si la comète arrivait justement de face. Mais elle arrivera un peu obliquement.

« Le choc est inévitable, avec toutes ses conséquences. Mais, je vous en prie, que l’auditoire ne se trouble pas ainsi !… Ce choc ne prouve rien en lui-même. Si l’on calculait, par exemple, qu’un train de chemin de fer doit rencontrer une nuée de moucherons, cette prédiction n’inquiéterait pas sensiblement les voyageurs. Il pourrait en être de même pour la rencontre de notre globe avec cet astre gazeux. Veuillez me permettre d’examiner tranquillement les deux autres points.

« Et d’abord, quelle est la nature de la comète ?

« Tout le monde ici le sait déjà : elle est gazeuse et principalement composée d’oxyde de carbone. À la température de l’espace (273 degrés au-dessous