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LA FIN DU MONDE

tête. C’était un homme d’érudition et de littérature autant que de science, et sa personne entière inspirait la sympathie en même temps que le respect. Son caractère était manifestement optimiste, même dans les circonstances les plus graves. À peine eut-il dit quelques mots, que les physionomies se transformèrent, de lugubres et altérées devenant subitement calmes et rassérénées.

« Mesdames, fit-il dès le début, c’est à vous que je m’adresse les premières, en vous suppliant de ne plus trembler de la sorte devant une menace qui pourrait bien n’être pas aussi terrible qu’elle le paraît. J’espère vous convaincre tout à l’heure, par les arguments que j’aurai l’honneur d’exposer devant vous, que la comète dont l’humanité entière attend la prochaine rencontre n’amènera pas la ruine totale de la création terrestre. Sans doute, nous pouvons, nous devons même nous attendre à quelque catastrophe ; mais quant à la fin du monde, vraiment, tout nous conduit à penser que ce n’est pas ainsi qu’elle arrivera. Les mondes meurent de vieillesse et non d’accident, et vous savez mieux que moi, mesdames, que le monde est loin d’être vieux.

« Messieurs, je vois ici des représentants de toutes les sphères sociales, depuis les plus élevées jusqu’aux plus humbles. On s’explique parfaitement que, devant une menace aussi apparente de la destruction de la vie terrestre, toutes les affaires aient