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LA FIN DU MONDE

d’un jour à l’autre les têtes chevelues de ces étranges voyageuses.

Ainsi marchaient, couraient les discussions, les recherches rétrospectives, les calculs, les conjectures. Mais ce qui, en définitive, ne pouvait manquer de frapper tous les esprits, c’était le double fait constaté par l’observation que la comète actuelle présentait un noyau d’une densité considérable, et que l’oxyde de carbone dominait incontestablement dans sa constitution chimique. Les craintes, les terreurs étaient revenues. On ne pensait plus qu’a la comète, on ne parlait plus que d’elle.

Déjà des esprits ingénieux avaient cherché des moyens pratiques, plus ou moins réalisables, de se soustraire à son influence. Des chimistes prétendaient pouvoir sauver une partie de l’oxygène atmosphérique. On imaginait des méthodes pour isoler ce gaz de l’azote et l’emmagasiner en d’immenses vaisseaux de verre hermétiquement fermés. Un pharmacien habile en réclames assurait l’avoir condensé en pastilles et avait, en quinze jours, dépense huit millions d’annonces. Les commerçants savaient tirer parti de tout, même de la mort universelle. Il s’était même formé tout d’un coup des compagnies d’assurances s’engageant à boucher hermétiquement toutes les issues des caves et des sous-sols et à fournir pendant quatre jours et quatre nuits la quantité d’oxygène pur (et même parfumé) nécessaire à la consom-