Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
LA FIN DU MONDE

par le feu. Si elle rencontrait Jupiter, elle porterait ce globe à un degré de température assez élevé pour lui rendre sa lumière perdue et le ramener pour un temps à l’état de soleil, de sorte que la Terre se trouverait éclairée par deux soleils, Jupiter devenant une sorte de petit soleil nocturne beaucoup plus lumineux que la Lune et brillant de sa propre lumière… rouge, rubis ou grenat du ciel, circulant en douze ans autour de nous… Soleil nocturne ! C’est dire qu’il n’y aurait presque plus de nuits pour le globe terrestre.

Les traités astronomiques les plus classiques avaient été consultés ; on avait relu les chapitres cométaires écrits par Newton, Halley, Maupertuis, Lalande, Laplace, Arago, les Mémoires scientifiques de Faye, Tisserand, Bouquet de la Grye, Cruls, Holden et leurs successeurs. C’était encore l’opinion de Laplace qui avait le plus frappé, et l’on avait remis en lumière ses paroles textuelles :

L’axe et le mouvement de rotation de la Terre changés ; les mers abandonnant leur ancienne position pour se précipiter vers le nouvel équateur ; une grande partie des hommes et des animaux noyés dans ce déluge universel ou détruits par la violente secousse imprimée au globe terrestre ; des espèces entières anéanties ; tous les monuments de l’industrie humaine renversés : tels sont les désastres que le choc d’une comète pourrait produire.

La constitution physique des noyaux cométaires était surtout l’objet des plus savantes controverses.