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LA COMÈTE

solides de plusieurs kilomètres de diamètre et qui, assuraient quelques calculateurs, devaient se précipiter les premiers sur la Terre, la queue étant toujours opposée au Soleil, et, dans le cas actuel, en arrière du mouvement et sensiblement oblique. L’astre flamboyait dans la constellation des Poissons ; l’observation de la veille, 8 juillet, donnait pour sa position précise : ascension droite = 23h 10m 32s ; déclinaison boréale = 7° 36′ 4″. La queue traversait tout le carré de Pégase. La comète se levait à 9h 49m et planait toute la nuit dans le ciel.

Pendant les jours d’accalmie dont il vient d’être question, une sorte de revirement s’était opéré dans l’opinion générale. Un astronome ayant fait une série de calculs rétrospectifs avait établi que déjà plusieurs fois la Terre avait rencontré des comètes, et que chaque fois la rencontre s’était traduite en une inoffensive pluie d’étoiles filantes. Mais l’un de ses collègues avait répliqué que la comète actuelle était loin d’être comparable à un essaim de météores, qu’elle était gazeuse, avec un noyau composé de concrétions solides, et il avait rappelé à ce propos les observations faites sur une fameuse comète historique, celle de 1811.

Cette comète de 1811 ne laisse pas, en effet, de justifier à certains égards des craintes non chimériques. On prit soin de rappeler ses dimensions. Sa longueur atteignait 180 millions de kilomètres,