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LA FIN DU MONDE

de 41 660 mètres par seconde. En raison de cet accroissement de vitesse, la distance entre les deux orbites serait franchie en cinq cent cinquante-huit heures ou en vingt-trois jours six heures.

Mais la Terre ne devant pas être, au moment de la rencontre, précisément sur le point de son orbite traversé par une ligne allant du Soleil à la comète, puisque la comète ne se précipitait pas sur le Soleil, la rencontre ne devait se produire que près d’une semaine plus tard, soit le vendredi 13 juillet, vers minuit. Nous n’avons pas besoin d’ajouter que dans une telle occurrence tous les préparatifs habituels de la « fête nationale » du 14 juillet avaient été oubliés. Fête nationale ! On n’y songeait guère. Le 14 juillet ne devait-il pas plutôt marquer le deuil universel des hommes et des choses ? Il y avait, du reste, déjà plus de cinq siècles que cet anniversaire d’une date fameuse était — avec intermittences, il est vrai — célébré par les Français : chez les Romains eux-mêmes, les souvenirs fêtés aux « circenses » n’avaient jamais duré aussi longtemps. On entendait dire de toutes parts que le 14 juillet avait assez vécu. Il était déjà mort quinze fois, mais ne devait plus ressusciter.

Au moment où nous parlons, on était seulement au lundi 9 juillet. Depuis cinq jours le ciel restait parfaitement beau, et toutes les nuits l’éventail cométaire planait dans l’immensité du ciel, avec sa tête, ou son noyau, bien visible, pailleté de points lumineux qui pouvaient représenter des corps