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APRÈS LA FIN DU MONDE

superbe, gigantesque, planant dans l’espace infini, se mit à tourner sur elle-même.

Et dans les zones de condensation de cette nébuleuse primordiale, de nouveaux globes commencèrent à naître, comme autrefois à l’aurore de la Terre.

Et ce fut là un recommencement du monde, une genèse que de futurs Moïse et de futurs Laplace racontèrent.

Et la création se continua, nouvelle, diverse, non terrestre, non martienne, non saturnienne, non solaire, autre, extra-terrestre, surhumaine, intarissable.

Et il y eut d’autres humanités, d’autres civilisations, d’autres vanités ; d’autres Babylones, d’autres Thèbes, d’autres Athènes, d’autres Romes, d’autres Paris ; d’autres palais, d’autres temples ; d’autres gloires, d’autres amours, d’autres lumières. Mais toutes ces choses n’eurent plus rien de la Terre, dont les effigies s’étaient effacées comme des ombres spectrales.

Et ces univers passèrent à leur tour.

Et d’autres leur succédèrent. À une certaine époque perdue dans l’éternité future, toutes les étoiles de la voie lactée tombèrent vers un centre commun de gravité et constituèrent un immense et formidable soleil, centre d’un système dont les mondes énormes furent peuplés d’êtres organisés en une température incandescente pour nous, et dont les sens vibrant sous d’autres radiations, en