Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/384

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
378
APRÈS LA FIN DU MONDE

forces, et non pas un simple mécanisme fini marchant comme une horloge et s’arrêtant pour toujours.

L’avenir de l’univers, c’est son passé. Si l’univers devait un jour avoir une fin, il y a longtemps qu’elle serait arrivée, et nous ne serions pas ici pour étudier ce problème.

C’est parce que nos conceptions sont finies que nous voyons aux choses un commencement et une fin. Nous ne concevons pas qu’une série absolument sans fin de transformations puisse exister dans l’avenir ou dans le passé, ni que des séries également sans fin de combinaisons matérielles puissent se succéder de planètes en soleils, de soleils en systèmes de soleils, de ceux-ci en voies lactées, en univers stellaires, etc. etc. Le spectacle actuel du ciel est pourtant là pour nous montrer l’infini. Nous ne comprenons pas davantage l’infinité de l’espace ni l’infinité du temps, et pourtant nous comprenons encore moins une limite quelconque à l’espace ou au temps, car notre pensée saute au delà de cette limite et continue de voir. On marcherait toujours dans une direction quelconque de l’espace sans en trouver la fin, et toujours aussi on peut imaginer un ordre de succession dans les choses futures.

Absolument parlant, ce n’est ni l’espace ni le temps que nous devons dire, sans doute, mais l’infini et l’éternité, dans le sein desquels toute mesure, quelque longue qu’elle soit, n’est plus qu’un point.