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OMÉGAR

Mais comme les agents météoriques, les pluies et les torrents avaient diminué d’intensité parallèlement avec les eaux, les derniers abîmes marins n’avaient pas été entièrement comblés, et des vallées peu profondes restaient, vestiges de l’ancienne structure du globe. Là se rencontraient encore quelques terrains humides et glacés, mais il n’y avait plus pour ainsi dire aucune circulation d’eau dans l’atmosphère, et les derniers fleuves coulaient en des cours souterrains, comme des veines invisibles.

L’absence de vapeur d’eau dans l’air donnait un ciel toujours pur, sans nuages, sans pluies et sans neiges. Moins éblouissant et moins chaud qu’aux anciens jours du monde, le Soleil brillait d’un éclat jaune topaze. Le ciel était plutôt vert marine que bleu. L’atmosphère avait considérablement diminué d’étendue. L’oxygène et l’azote s’étaient en partie fixés aux minéraux, à l’état d’oxydes et d’azotates, et l’acide carbonique avait légèrement augmenté à mesure que les végétaux, manquant d’eau, étaient devenus de plus en plus rares et en avaient absorbé de moins en moins. L’atmosphère était moins vaste et la couche d’air moins élevée. Mais la masse de la Terre s’était accrue de siècle en siècle par la chute incessante des étoiles filantes, des bolides et des uranolithes, de sorte que l’atmosphère, tout en s’étant appauvrie, avait gardé la même densité et à peu près la même pression.