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LA FIN DU MONDE

papillon. Mais ce sont les conditions de la vie terrestre que nous étudions ici, et ces conditions sont déterminées par la constitution même de notre planète.

À mesure que la quantité d’eau avait diminué, que les pluies avaient été plus rares, que les sources avaient été taries, que la vapeur aqueuse de l’air s’était abaissée, les végétaux avaient changé d’aspect, augmenté le volume de leurs feuilles, allongé leurs racines, cherché par tous les moyens à absorber l’humidité nécessaire à leur subsistance. Les espèces qui n’avaient pu se plier au nouveau régime avaient disparu. Les autres s’étaient transformées. Aucun des arbres, aucune des plantes que nous connaissons, n’aurait pu être reconnu : il n’y avait plus ni chênes, ni frênes, ni ormes, ni peupliers, ni charmes, ni tilleuls, ni saules, et les paysages ne ressemblaient en rien à ceux de notre époque. Les espèces rudimentaires de cryptogames subsistaient seules.

Il en avait été de même dans le règne animal. Les formes avaient considérablement changé ; les anciennes races sauvages avaient disparu ou avaient été domestiquées. La diminution de l’eau avait modifié le mode d’alimentation des herbivores comme des carnivores. Les espèces récentes, transformation de celles qui avaient subsisté, étaient plus petites, moins denses en chair, plus osseuses. Le nombre des plantes ayant sensiblement diminué, l’acide carbonique de l’air était