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LA FIN DU MONDE

magnifiquement supérieure à celle des Aristote, des Kepler, des Hugo, — des Phryné, des Diane de Poitiers, des Pauline Borghèse. La transformation était si complète que l’on montrait avec un étonnement voisin de l’incrédulité, dans les musées géologiques, les spécimens des hommes fossiles du vingtième au centième siècle, avec leurs dents brutales et leurs grossiers intestins : on admettait à peine que des organismes aussi épais eussent été vraiment les ancêtres de l’homme intellectuel.

Ainsi notre race était parvenue à un état de civilisation, de grandeur intellectuelle, de bonheur physique et moral, de perfectionnement scientifique, artistique et industriel sans comparaison possible avec tout ce que nous connaissons. Nous avons dit que la chaleur centrale du globe avait été conquise et appliquée au chauffage général de la surface terrestre en hiver, villes, villages, usines, industries diverses, pendant plusieurs millions d’années. Lorsque cette chaleur, s’étant graduellement abaissée, avait fini par disparaître, les rayons solaires avaient été captés, emmagasinés, dirigés à la fantaisie humaine ; l’hydrogène avait été extrait de l’eau des mers ; la force des chutes d’eau d’abord, puis celle des marées, avait été transformée en force calorifique et lumineuse ; la planète terrestre tout entière était devenue la chose de la science qui jouait à volonté de tous les éléments. Les anciens sens humains élevés à un degré de raffinement que l’on qualifierait actuellement d’extra-terrestre ; les