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LA FIN DU MONDE

féminin avait amené pendant quelque temps une perturbation menaçante dans la proportion des naissances, car on put craindre qu’il n’y eût plus que des garçons. L’équilibre ne se rétablit que par une véritable transformation sociale. Insensiblement, en plusieurs contrées, les femmes du
monde cessèrent à peu près d’être mères, et les charges de la maternité, dont les élégances féminines ne s’accommodèrent plus, furent abandonnées aux filles du peuple et des campagnes.

L’amour était devenu la loi suprême, portant son propre but en lui-même, laissant dans l’ombre et dans l’oubli l’antique devoir de la perpétuité de l’espèce, enveloppant l’être sensitif de caresses et de plaisirs. La beauté et le parfum des fleurs font parfois oublier les fruits. Depuis longtemps, d’ailleurs, c’était des rangs du peuple que sortaient les générations solides ; car les couches aristocratiques énervées n’avaient que de rares descendants chétifs et infirmes, et l’on avait vu dans les resplendissantes cités une nouvelle race de femmes ramener sur le monde le