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LA FIN DU MONDE

nique de l’Observatoire du Gaorisankar avait confirmé celui du Mont-Hamilton, en l’aggravant. Ce message disait :

« La Terre sera entièrement plongée dans la tête de la comète, qui est déjà trente fois plus large que le diamètre entier du globe, et qui va en s’agrandissant de jour en jour. »

Trente fois le diamètre du globe terrestre ! Lors même que la comète passerait entre la Terre et la Lune, elles les toucherait donc toutes les deux, puisqu’un pont de trente terres suffirait pour réunir notre monde à la Lune.

Et puis, pendant les trois mois dont nous venons de résumer l’histoire, la comète était descendue des profondeurs télescopiques et devenue visible à l’œil nu : elle était arrivée en vue de la Terre, et, comme une menace céleste, elle planait maintenant, gigantesque, toutes les nuits devant l’armée des étoiles. De nuit en nuit, elle allait en s’agrandissant. C’était la Terreur même suspendue au-dessus de toutes les têtes et s’avançant lentement, graduellement, épée formidable, inexorablement. Un dernier essai était tenté, non pour la détourner de sa route, — idée émise par la classe des utopistes qui ne doutent jamais de rien, et qui avaient osé imaginer qu’un formidable vent électrique pourrait être produit par des batteries disposées sur la face du globe qu’elle devait frapper — mais pour examiner de nouveau le grand problème sous tous ses