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LA FIN DU MONDE

tendus. De nouvelles forces de la nature furent conquises.

Le progrès social avait marché parallèlement avec le progrès scientifique.

Les machines mues par la force électrique s’étaient graduellement substituées aux travaux manuels. Pour les usages quotidiens de la vie, on avait dû renoncer aux domestiques humains,
parce qu’il n’en restait aucun qui n’exploitât odieusement ses maîtres et n’ajoutât à des gages princiers un vol régulièrement organisé. De plus, dans toutes les villes importantes, les marchés avaient disparu, délaissés par les clients, à cause des injures que l’on était obligé de subir de la part des vendeurs. C’est ce qui avait conduit insensiblement à supprimer tous les intermédiaires et à puiser aussi directement que possible aux sources de la nature, à l’aide d’appareils automatiques dirigés par des Simiens. Il n’y eut plus d’autres domestiques que les singes apprivoisés. La domesticité des humains n’aurait pu, au surplus, ne pas disparaître des mœurs, comme autrefois l’antique esclavage.

D’ailleurs, en même temps, les modes d’alimentation s’étaient entièrement transformés. La synthèse chimique était parvenue à substituer des