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LA FIN DU MONDE

loquacité, et qui n’avaient songé qu’à faire tourner à leur profit personnel le jeu perpétuel des passions populaires. Les erreurs grossières et les excès brutaux de la démagogie avaient plus d’une fois mis la République en danger de mort ; mais l’hérédité monarchique ne garantissant pas davantage les devoirs d’un gouvernement rationnel, on avait fini par adopter une Constitution dirigée par un très petit nombre de citoyens élus sous les garanties d’un suffrage restreint et éclairé.

L’unification des peuples, des idées, des langues avait eu pour complément celle des poids et mesures. Aucune nation n’était restée réfractaire à l’adoption du système métrique, établi sur la mesure même de la planète. Une seule monnaie fut universellement adoptée. Un seul méridien initial régla la géographie : ce méridien passait par l’Observatoire de Greenwich, et c’est à son antipode que le jour changeait de nom à midi : le méridien de Paris était tombé en désuétude vers le milieu du vingtième siècle. La sphère terrestre avait été pendant plusieurs siècles conventionnellement partagée en fuseaux de 24 heures ; mais les différences avec l’heure vraie ayant eu pour conséquences des irrégularités illogiques et inutiles, les heures locales, absolument nécessaires dans les observations astronomiques, avaient reparu, comme des satellites de l’heure universelle. On compta consécutivement de 0 à 24, et non plus enfantinement, comme autrefois, deux fois douze heures.