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LES ÉTAPES DE L’AVENIR

comme des types historiques à conserver : on les avait tous transportés à Aix-la-Chapelle et rangés comme des satellites d’un autre âge autour du vieux tombeau de Charlemagne.

Les États européens, constitués en républiques et confédérés, reconnurent que le militarisme représentait en temps de paix un parasitisme dévorant, l’impuissance et la stérilité, — en temps de guerre le vol et l’assassinat légalisés, le droit brutal du plus fort, régime inintelligent, entretenu par une obéissance passive aux ordres de diplomates spéculant uniquement sur la sottise humaine. Autrefois, dans les temps antiques, on s’était battu de village à village, pour l’avantage et la gloire des chefs, et cette sorte de guerre durait encore au dix-neuvième siècle entre les villages de l’Afrique centrale, où l’on voyait même des jeunes hommes et des jeunes femmes, convaincus de leur rôle d’esclaves, se rendre volontairement en certaines époques aux pays où ils devaient être mangés en grande cérémonie. La barbarie primitive ayant un peu diminué, on s’était ensuite associé en provinces, puis battu d’une province à une autre, entre Athènes et Sparte, entre Rome et Carthage, entre Paris et Dijon, entre Londres et Édimbourg, et l’histoire avait célébré les mirifiques combats du duc de Bourgogne contre le roi de France, des Normands contre les Parisiens, des Anglais contre les Écossais, des Vénitiens contre les Génois, des Saxons contre les Bavarois, etc. etc. Plus