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LE CHOC

avec les privations de tout genre, l’absence d’alimentation et de sommeil, la transpiration cutanée, la fièvre de tous les organes, la surexcitation cardiaque et les congestions cérébrales, la mortalité avait atteint, à Paris seulement, le chiffre désormais disproportionné de dix mille ! Quant à l’attaque générale de la nuit du 13 au 14, dessiccation du larynx, empoisonnement de l’air par l’oxyde de carbone, congestions pulmonaires, entassements dans les caves, anesthésie des organes respiratoires, arrêt dans la circulation du sang, les victimes avaient été plus nombreuses que celles des anciennes batailles rangées, et c’est à plus de cent mille que s’était élevé le chiffre des morts. Une partie des êtres frappés mortellement vécurent jusqu’au lendemain, et même un certain nombre prolongèrent encore pendant plusieurs jours une vie désormais condamnée. Ce n’est guère qu’une quinzaine de jours après le cataclysme que la moyenne normale se rétablit. Pendant ce mois désastreux dix-sept mille cinq cents enfants étaient nés à Paris ; mais presque tous étaient morts, comme empoisonnés, leurs petits corps tout bleus.

La statistique médicale, défalquant du total général la moyenne normale calculée sur le taux alors hygiéniquement atteint de 15 morts par an pour mille habitants, soit de 135 000 par an ou 369 par jour, et retranchant du nombre précédent le chiffre de 11 439 citoyens qui seraient morts sans la