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LA FIN DU MONDE

avaient réalisé en huit jours des fortunes colossales.

« Demandez le XXVe Siècle, dixième édition. Le miracle de Rome. Demandez le journal. »

Quel miracle ? Oh ! c’était bien simple. Le XXVe Siècle déclarait, dans cette nouvelle édition, que son correspondant de Rome s’était fait l’écho d’un bruit mal fondé, et que le bolide… n’avait rien écrasé du tout à Rome, mais était tombé assez loin de la ville. Saint-Pierre et le Vatican avaient été miraculeusement préservés. Mais le journal s’était vendu, dans tous les pays du monde, à des centaines de millions. C’était une excellente affaire.

La crise passa. Peu à peu, l’Humanité se ressaisit, tout heureuse de vivre. La nuit resta illuminée par l’étrange lueur cométaire qui planait toujours sur les têtes, par la chute des météores qui durait encore et par les incendies partout allumés. Lorsque le jour arriva, vers trois heures et demie, il y avait déjà plus de trois heures que le noyau de la comète avait heurté le globe terrestre et la tête de l’astre était passée dans le sud-ouest, mais notre planète restait encore entièrement plongée dans la queue. Le choc avait eu lieu dans la nuit du 13 au 14 juillet, à minuit dix-huit minutes de Paris, c’est-à-dire à minuit cinquante-huit de Rome, selon l’exacte prévision du Président de la Société astronomique de France dont nos lecteurs n’ont peut-être pas oublié l’affirmation.