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LE CHOC

de notre planète et avait perdu une partie de sa lumière, celle qui venait du Soleil ; cette extinction apparente était due surtout à un effet de contraste ; car, lorsque les yeux moins éblouis se furent accoutumés à cette nouvelle clarté, elle parut presque aussi intense que la première, mais blafarde, sinistre, sépulcrale. Jamais la Terre n’avait été éclairée d’une pareille lueur : c’était comme une

Les yeux hagards virent s’allumer l’horizon.
profondeur d’illumination blême, au delà de laquelle transparaissaient des élancements d’éclairs. La sécheresse de l’air respirable devint intolérable ; la chaleur d’un four brûlant souffla d’en haut, et une horrible odeur de soufre, due sans doute à l’ozone surélectrisé, empesta l’atmosphère. Chacun se crut à sa dernière minute.

Un grand cri domina toutes les angoisses.

La terre brûle ! la terre brûle ! s’écriait-on partout en une rumeur formidable…