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LA FIN DU MONDE

ture assez élevée, mais agréablement rafraîchie par une brise légère ; la nature entière paraissait en fête ; les campagnes étaient luxuriantes de beauté ; les ruisseaux gazouillaient dans les vallées, les oiseaux chantaient dans les bois. Seules, les cités humaines étaient navrantes : l’humanité succombait, consternée. L’impassibilité tranquille de la nature posait devant l’angoissante anxiété des cœurs le contraste le plus douloureux et le plus révoltant.

Des millions d’Européens s’étaient sauvés de Paris, de Londres, de Vienne,

Ils avaient fui vers les antipodes.
de Berlin, de Saint-Pétersbourg, de Rome, de Madrid, s’étaient réfugiés en Australie ou avaient fui jusqu’aux antipodes. À mesure que le jour de la rencontre approchait, l’administration générale des aéronefs transatlantiques avait dû tripler, quadrupler, décupler les trains aériens électriques, qui allaient s’abattre comme des nuées d’oiseaux sur San Francisco, Honolulu, Nouméa, et sur les capitales australiennes de Melbourne, Sydney, Liberty, et Pax. Mais ces