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LA FIN DU MONDE

un coup de pistolet, en lui lançant les menaces les plus grotesques. Sur l’ordre de Louis XIV, Pierre Petit publia une instruction contre les craintes chimériques — et politiques — inspirées par les comètes. Le grand roi tenait à rester, seul et sans rival, soleil unique, nec pluribus impar ! et n’admettait pas que l’on supposât que la gloire perpétuelle de la France pût être mise en péril, même par un phénomène céleste.

L’une des plus grandes comètes qui aient jamais frappé les regards des habitants de la Terre, c’est assurément la fameuse comète de 1680, qui fut l’objet des calculs de Newton. « Elle s’est élancée, dit Lemonnier, avec la plus grande rapidité du fond des cieux, parut tomber perpendiculairement sur le Soleil, d’où on la vit remonter avec une vitesse pareille à celle qu’on lui avait reconnue en tombant. On l’observa pendant quatre mois. Elle s’approcha fort de la Terre et c’est à son apparition antérieure que Whiston attribua le déluge. » Bayle écrivit un traité pour mettre en évidence l’absurdité des anciennes croyances relatives aux signes célestes. Mme de Sévigné écrivait à son cousin le comte de Bussy-Rabutin : « Nous avons ici une comète qui est bien étendue ; c’est la plus belle queue qu’il soit possible de voir. Tous les grands personnages sont alarmés et croient que le ciel, bien occupé de leur perte, leur donne des avertissements par cette comète. On dit que, le cardinal Mazarin étant désespéré des médecins, ses