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LA FIN DU MONDE

mais, d’autre part, la diminution de l’atmosphère et de la vapeur d’eau amènera peut-être auparavant le règne du froid. Dans le premier cas, nous aurions encore une trentaine de millions d’années à vivre ; dans le second, une dizaine seulement. Mais le résultat est le même. C’est par le froid que le monde finira.

« Attendons sans trop d’émoi l’événement du 14 juillet. Je conseillerais cependant à ceux qui peuvent le faire d’aller passer ces jours de fête à Chicago, ou même un peu plus loin, à San-Francisco, à Honolulu, à Liberty, ou à Nouméa. Les transatlantiques aériens électriques sont assez nombreux et assez bien aménagés pour exporter des millions de voyageurs d’ici à samedi.

« J’ajouterai enfin que l’on n’a pas eu tort de prendre certaines précautions contre le choc cométaire et de préparer les caves, sous-sols et tunnels. Nous subirons sans doute une terrible bourrasque qui pourra durer plusieurs heures, et peut-être n’aurons-nous à respirer qu’une atmosphère bien suffocante. Mais, messieurs, les victimes — et il n’y en aura que trop — seront surtout tuées par la Peur. Ayons donc du sang-froid, et sachons que la rencontre céleste, qui pourra d’ailleurs, ne l’oublions pas, être absolument inoffensive, ne durera que quelques heures et passera, en laissant l’humanité vivre comme précédemment au bon Soleil de la nature. »