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LA FIN DU MONDE

avait été suspendu au dôme de l’amphithéâtre au moment même de l’ouverture des portes.

Tombant d’en haut, la voix disait :

« Les astronomes de la ville équatoriale de Mars préviennent les habitants de la Terre que la comète arrivera directement sur eux avec une vitesse égale à presque le double de la vitesse orbitale de Mars. Mouvement transformé en chaleur et chaleur en électricité. Orage magnétique intense. S’éloigner de l’Italie. »

La voix s’arrêta au milieu du silence et de l’effarement de tous les esprits, à l’exception de quelques sceptiques encore ; car l’un d’eux, directeur du journal la Joyeuse Critique, braquant un monocle sur son œil droit, s’était levé de la tribune des reporters et avait crié d’une voix retentissante :

« Je crains, vénérables savants, que l’Institut ne soit dupe d’une bonne farce. On ne me fera jamais croire que les habitants de Mars — en admettant même qu’ils existent et nous envoient vraiment des avis — connaissent l’Italie par son nom. Pour ma part, je doute qu’aucun d’eux ait lu les Commentaires de César ou l’Histoire des papes, d’autant plus que… »

Soudain, l’orateur, qui commençait à se lancer dans un intéressant dithyrambe, fut arrêté par l’extinction subite de l’électricité. La salle se trouva plongée dans l’obscurité, à l’exception d’un grand tableau lumineux au plafond. La voix ajouta quatre mots : « Voici la dépêche martienne », et aussitôt