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LA FIN DU MONDE

plus d’un piège. L’enfant qui naît en ce monde et qui est destiné à devenir homme ou femme peut être comparé à un individu qui serait placé à l’entrée d’une rue assez étroite, dans le genre de ces rues pittoresques et arquebusières du seizième siècle, bordée de maisons dont chaque fenêtre serait occupée par un chasseur armé d’un de ces jolis fusils-revolvers du siècle dernier. Il s’agit pour cet individu de parcourir cette rue dans toute sa longueur et d’éviter la fusillade dirigée sur lui presque à bout portant. Toutes les maladies sont là qui nous menacent et nous guettent : la dentition, les convulsions, le croup, la méningite, la rougeole, la petite vérole, la fièvre typhoïde, la pneumonie, l’entérite, la fièvre cérébrale, l’anévrisme, la phtisie, le diabète, l’apoplexie, le choléra, l’influenza, etc, etc. ; je veux en oublier plus d’une que nos auditeurs et nos auditrices n’auront pas de peine à adjoindre à cette énumération de premier jet. Notre infortuné voyageur arrivera-t-il sain et sauf au bout de la rue ? S’il y arrive,… ce sera pour y mourir tout de même.

« Notre planète court ainsi dans sa rue solaire, avec une vitesse de plus de cent mille kilomètres à l’heure, et le Soleil l’emporte en même temps avec ses sœurs vers la constellation d’Hercule. En résumant ce qui vient d’être dit et en rappelant ce qui peut avoir été oublié : elle peut rencontrer une comète dix ou vingt fois plus grosse qu’elle, composée de gaz délétères qui empoisonneraient notre