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LA MENACE CÉLESTE

le Comité des Administrateurs (qui remplaçait la Chambre et le Sénat d’autrefois) avait suspendu ses séances, la divagation y ayant atteint son comble. Depuis huit jours, la Bourse était fermée à Paris, à Londres, à New-York, à Chicago, à Melbourne, à Liberty, à Pékin. À quoi bon s’occuper d’affaires, de politique intérieure ou extérieure, de questions de budget ou de réformes, si le monde va finir ? Ah ! la politique ! Se souvenait-on même d’en avoir jamais fait ? Les outres étaient dégonflées. Les tribunaux eux-mêmes n’avaient plus aucune cause en vue : on n’assassine pas lorsqu’on attend la fin du monde. L’humanité ne tenait plus à rien ; son cœur précipitait ses battements, comme prêt à s’arrêter. On ne voyait partout que
Gravure chapitre I.
des visages défaits, des figures hâves, abîmées par l’insomnie. Seule, la coquetterie féminine résistait encore, mais à peine, d’une façon superficielle, hâtive, éphémère, sans souci du lendemain.

C’est que, du reste, la situation était grave, à peu près désespérée, même aux yeux des plus stoïques. Jamais, dans l’histoire entière de l’humanité, jamais la race d’Adam ne s’était trouvée en présence d’un tel péril. Les menaces du ciel po-