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jettent dans la solitude, il renonce à la vie commune et se destine uniquement à l’art. Dès lors, les faits perdent de plus en plus d’importance dans sa vie. Nous assistons aux rêves de son imagination qui ne pense qu’à toutes les femmes célèbres du monde ; nous voyons les changements de son goût pour les choses de la vie et de l’art ; nous assistons à la lente maturité de ses tendances artistiques. Un voyage avec Henri met en lumière le profond contraste qui le sépare de cet ami de jeunesse, dans la figure duquel l’auteur a peut-être voulu faire le portrait d’Ernest Chevalier.

Cependant les deux jeunes gens sont partis du même point, leurs goûts artistiques les avaient liés au commencement. Mais si Jules est resté fidèle à son idéal, Henri s’est plié aux circonstances de la vie pour réussir dans des succès extérieurs. Il a été heureux en amour. Ses parents l’avaient envoyé à Paris pour faire ses études ; il contracte bientôt une liaison avec la femme du professeur chez lequel il est en pension. Après quelque temps de bonheur secret, le couple amoureux fuit en Amérique. Les ressources manquent bientôt. Henri et sa maîtresse connaissent la gêne. Le sentiment amoureux s’affaiblit. Cependant le jeune homme ne désespère pas. Il reste vainqueur dans la lutte contre la misère. Deux ans se sont écoulés, quand tous deux sont pris du désir de revoir la France. La maîtresse d’Henri retourne plus tard chez son mari. Lui-même fait son chemin par son extraordinaire habileté dans le monde à Paris et sait se créer une belle position par son mariage. Malgré l’avis de Mme Collet d’enlever du roman toute la partie de Jules, cette