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-raient la foule dans ses murs. Cette fois-ci, on a eu le courage d’aller à la Cathédrale chanter encore un Te Deum en l’honneur du héros qui a perdu la France, et l’on fit suivre cette triste cérémonie de prières pour les soldats français tombés au champ d’honneur. Les autorités militaires et des détachements de tous les corps de troupes de la garnison avaient assisté à ce service religieux.

L’après-midi, la population entière circulait dans les rues, qu’inondait le soleil. Un étranger qui, ignorant les événements, se fût trouvé transporté par hasard à Strasbourg n’eût jamais deviné, au calme presque solennel qui régnait sur les physionomies, que la ville était entourée par des troupes ennemies, qu’elle se trouvait en état de siège, qu’à tout instant le canon pouvait gronder du haut de ses murs ou tonner contre elle.

La journée se passa donc dans le calme et Strasbourg était endormi, lorsqu’à 11 heures et demie retentit tout à coup dans le lointain le bruit du canon ; aussitôt un sifflement perçant traversa les airs et un obus vint s’abattre sur une des maisons de la ville. Bientôt un autre projectile suivit le premier et, pendant une demi-heure, les obus sifflaient dans les airs, puis tombaient sur les édifices et éclataient avec fracas.

L’artillerie des remparts répondit aux décharges de l’ennemi, et vers minuit l’effrayant tapage cessa. Les batteries qui avaient bombardé la ville pendant ces trente minutes étaient pour la plupart des batteries volantes, c’est-à-dire des pièces d’artillerie qui, après avoir tiré quelques coups, sont traînées sur un autre point où elles lancent encore quelques projectiles ; elles circulèrent ainsi sur une assez grande étendue, car les obus