I
École militaire
Lorsque, le 15 août 1769, naquit Napoléon Bonaparte, de Charles
Bonaparte et de Lætitia Ramolino, la Corse était française depuis un an.
Les esprits, cependant, n’étaient pas complètement remis des émotions de
la lutte contre Gênes et, à Ajaccio, dans la maison de Charles Bonaparte,
le nom de Paoli était souvent prononcé. Le père de Napoléon avait mis,
dans cette guerre, ses talents, sa distinction et son influence au service
de la cause que soutenait le grand agitateur corse. Il avait été son auxiliaire et, au milieu des discordes civiles, Mme Bonaparte, elle-même, n’avait pas hésité à partager souvent les dangers de son mari et à l’accompagner à cheval dans plusieurs expéditions militaires. Nul doute que dans cette famille, française par le cœur et par les sacrifices acceptés, plus encore que par les traités, le nom de la France n’ait été souvent prononcé avec amour et soit venu le premier frapper les oreilles de Napoléon.
Quelques années plus tard, devaient commencer en Corse les tentatives anglaises, qui aboutirent à la défection de Paoli et à l’insurrection contre la patrie. Ces manœuvres, sourdes d’abord et lentes, parce qu’elles se sentaient impuissantes, n’en cherchaient pas moins à pénétrer dans les familles influentes. Mais les Bonaparte étaient Français, comme ils devaient énergiquement le montrer en 1793. Les émissaires étrangers en furent pour leurs peines ou plutôt, dans le cœur de ces fidèles, il y eut, à côté de l’amour pour la France, un sentiment de haine pour le pays qui devait les chasser de la maison paternelle, d’Ajaccio, de la Corse, après les avoir menacés jusque dans leur vie.
Charles Bonaparte et Lætitia Ramolino eurent huit enfants. Nous les nommons ici, car ils eurent un rôle à jouer dans la vie du héros. C’étaient
