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même portent des tâches noires, comme les noires tiges et le sombre feuillage des capsicum, des cestrum, des strychnos, des solanum, des apocynum, etc., qui décèlent des plantes acres, vénéneuses, stupéfiantes, tant leurs principes sont exaltés, portés au dernier degré de coction et de maturité par l’ardent soleil et la lumière du climat africain[1]. »

En lisant cette description, où le style du naturaliste s’empreint d’un coloris vraiment superbe, on sent je ne sais quel vague souvenir du « Paradis perdu » de Milton. Cette lecture fait en effet penser au poëte qui, avec une énergie de touche, une élévation de style où perce le fanatisme presbytérien et révolutionnaire, décrit ainsi les régions infernales :

Regions of sorrow, doleful shades, where peace
And rest can never dwel, hope never comes
That comes to all, but torture without end
Still urges, and a fiery deluge, fed
With ever-burning sulphur inconsumed
[2].

Mais ne demandons pas si ce tableau n’est pas trop chargé ; si on n’y sent pas trop cette littérature quelque peu guindée qui caractérise la fin du XVIIIe siècle. Il vaut mieux s’arrêter sur la partie de cette description, où le savant écrivain parle de cette huile noire qu’exsude la peau de l’Africain. Il n’y a rien de moins exact que ces termes souvent employés de peau huileuse des noirs. L’épiderme de cette catégorie de l’espèce humaine n’a rien de particulier qui puisse justifier cette expression dont je ne puis rapporter l’origine qu’à une simple métaphore.

  1. Virey, Histoire du genre humain.
  2. Régions de chagrin, triste obscurité où la paix et le repos ne peuvent Jamais demeurer, l’espérance jamais venir, elle qui vient à tous ; mais où se déroulent une torture sans fin et un déluge de feu, nourri par un souffre qui brûle éternellement, sans se consumer. — Milton, The Paradise lost, Book I, V. 65-69.