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Ovide n’a fait que répéter une opinion qui était celle de tous les anciens. Le mot Éthiopien même (en grec, Αἰθίοψ, de αἴθειν brûler, et ὤψ, visage), qui est déjà employé par Homère, en dit plus que tout le reste. Longtemps avant Ovide, on rencontre la même idée exprimée dans un ancien tragique grec, qui vivait au IVe siècle avant Jésus-Christ. C’est Théodecte de Phasélis. Strabon[1] rapporte de lui les vers suivants :

Οἱς αγχριτέρμων ἥλιος διφρηλατῶν
σϰοτεινὸν ἄνθος ἐξέχρωσε λιγνύος
εἰς σώματ' ανδρῶν ϰαι συνέστρεψεν ϰομας
μορφαῖς αναυξήτοισι συντήξας πυρος.

« Ceux dont le soleil brûlant s’approche trop dans sa course, sont revêtus d’une couleur de suie et leurs cheveux s’entortillent, gonflés et desséchés par la chaleur. »

Je sais que les polygénistes s’empresseront de répondre que cette croyance n’emprunte aucun caractère de certitude à l’ancienneté de son existence. Ils auront droit d’arguer que la science au nom de laquelle ils prétendent parler était dans sa première enfance, au temps où cette idée commença de se vulgariser comme une juste interprétation de la réalité. Ils demanderont qu’elle soit appuyée d’autorités autrement compétentes. Peut-être refuseront-ils même que ces autorités soient choisies parmi les partisans du monogénisme. Ce serait déjà bien des exigences.

D’autres pourraient aussi avoir la velléité de contester au polygénisme le privilège exclusif de considérer ses adeptes comme les seuls aptes a comprendre et manifester la vérité. Mais que penserait-on si les polygénistes les plus autorisés reconnaissaient aussi l’influence du cli-

  1. Strabon, Livre XV, chap. I.