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son argumentation, rien de plus évident. La science la plus profonde, l’intelligence la plus vive, et l’érudition la plus large ne suffisent pas pour faire la preuve d’une théorie dont les bases ne reposent sur aucune réalité. Sans doute, en prenant la plume pour buriner ces deux cents pages remarquables, où il a déployé toutes ses ressources d’écrivain et tout son zèle de savant, afin d’établir la pluralité des races humaines, il croyait travailler à une œuvre de la première importance. Il le faut bien ; car par la forme même de ses protestations, il trahit l’effort qu’a du faire sa conscience d’homme, pour rester à la hauteur où la science doit, selon lui, planer. « Le savant, dit-il, doit se débarrasser, dut-il en coûter à l’homme, des sentiments infiniment honorables d’égalité et de confraternité qu’un noble cœur doit ressentir pour tous les hommes, quelle que soit leur origine, quelle que soit leur couleur. De tels instincts honorent celui qu’ils animent ; mais ils ne peuvent que nuire à la science, quand ils interviennent.

J’admire ce dévouement à la science qui aide le savant auteur à refouler au fond de son cœur toutes les impulsions généreuses que le vulgaire appelle la voix de la nature, pour ne contempler que la déesse imperturbable que les anciens Égyptiens vénéraient sous le nom de Tauth. J’adore cet héroïsme. Mais ne faudrait-il pas voir dans les paroles de M. G. Pouchet une absence regrettable de toute idée philosophique ? Comment peut-il trouver honorables et nobles des sentiments si contraires à la vérité que le savant doive s’en débarrasser ? Depuis quand le beau et le bien sont-ils devenus opposés au vrai ? On verra par la conclusion de M. Pouchet le résultat négatif que cette déviation de toute saine notion philosophique a tiré de la science. Mais nous allons aborder un polygéniste autrement habile, autrement intransigeant, je veux nommer l’éminent Broca.